C’est l’histoire d’une love coach très éclairée. On
va l’appeler Bénédicte Ann - ça tombe bien c’est son vrai nom- et on va
l’écouter la Bénédicte hein, pas l’âne, vous suivez, c’est important. On va
l’écouter car Bénédicte est l’auteure de l’une des théories les plus vibrantes
que le XXe siècle ait engendré, celle de la division de la
population mâle en trois catégories bien ordonnées : le dragueur, le
séducteur et l’allumeur. Il faut l’avouer, cela aurait été ballot de passer à
côté.
CATEGORIE
N°1 : LE DRAGUEUR. Doté d’un
cerveau aux relents primitifs bien implantés, le dragueur est un consommateur,
un addict du fast-kiss ou de la fast-baise, si plus et affinités. C’est qu’il
est pragmatique le dragueur, et économe aussi. S’il vous invite au resto, c’est
pour tâter du steak et pas uniquement pour le manger. Entre Amina, Assia et
Sabrina, son sexe chavire, il ne sait plus qui inviter. Pour les contacter, il
utilise Viber, WhatsApp et même Facebook.
Téléphoner ? Ca coûte trop cher, surtout quand cela se compte par milliers.
Mais ca marche – non on ne demande pas comment- et du coup son IPhone ne cesse
de vibrer. Lorsqu’il sent à la cadence du texto qu’il y a « moyen de
moyenner » comme disait le poète, il sort son message infaillible :
« Tu fé koi ce soir ? Ca te dis un diner ? » (Et oui, c’est comme ça, souvent le drageur-textoteur n’est pas bon en orthographe).
Un dîner ? Quelle chouette idée ! Mais pas au Cabestan ni même au Relais,
pas question de s’afficher. Stratège, il opte donc pour un petit italien
romantique mais perdu dans le quartier Gauthier. Un petit italien que personne
ne connaît. Si ? Quelqu’un d’entre vous le connais ?
Avantage : manger à moindre frais.
Inconvénient : le voir disparaitre au deuxième rendez-vous
s’il n’a pas concrétisé.
CATEGORIE
N°2 : LE SEDUCTEUR. Cet homme
là fait dans la littérature, les sérénades et les grandes déclamations- sans être
très cultivé pour autant. Hâbleur comme Don Juan, vorace comme Dracula, le séducteur se
nourrit de la flamme de sa passion. Son truc à lui n’est pas en plumes mais en
filet. Un filet aux mailles fines à travers lequel il entrevoit l’avenir :
« Ah tu verras, tu verras, quand on
a que l’amour, la vie en rose, c’est extra ! » C’est bien simple,
dès qu’il vous a vu, il a compris. Entre vous deux, c’est pour la vie et vous
allez déguster. Et pas seulement une fois qu’il vous aura quitté. Non, vous
allez vraiment déguster : Rick’s Café, la Sqala, Café M, la tournée gastro-romantique,
ça le connaît ! Objectif avoué ? Tout mettre en œuvre pour vous charmer.
Une fois la proie ferrée, il disparaît. C’est tout ? Oui, oui.
Avantage : réviser sa discographie.
Inconvénient : devenir timbrée.
CATEGORIE
N°3 : L’ALLUMEUR. Le plus
pervers des trois, quoique le séducteur aurait eu des choses à dire à Mister
Freud. L’allumeur donc est un Zippo beau à regarder et qui partage avec
l’illustre briquet cette faculté à ne jamais flancher. Il vous allume certes,
mais sans jamais vous éteindre. Pour cet obsédé des chandelles, nul besoin de
passer à l’acte, l’essentiel étant pour lui de se re-narciser. Ce qui lui
plait ? Savoir qu’il a vous a rendu folle. Ah bah ça c’est sûr. À cet
étrange comportement, trois possibilités :
1. Il a déjà beaucoup donné – comprendre aimer avant de
se faire larguer et donc, il est blasé.
2. Le sexe ne l’intéresse pas – en tous cas pas plus que
ça.
3. Il est en couple – 90 % des cas.
Avantage : connaître les souffrances des pétasses
frustrées.
Inconvénient : connaître les souffrances des pétasses
frustrées.