19 juil. 2012
BLOGUER OR NOT BLOGUER…
…en juillet 2012, telle
semble être la question. « Le
problème, c’est l’égo », me rétorque mon ami Younes. « À l’idée d’être jugé, les gens se
terrent dans un silence 2.0, alors qu’on s’en tape de savoir si cela sera
« liké » ou pas… » C’est un gentil geek, mon ami Younes. Il
a souvent raison aussi. Hicham lui, n’est pas du même avis. Hicham, c’est mon
autre ami-qui-a-souvent-raison. Lui ne comprend pas l’engouement planétaire
pour le blogging, ou du moins s’en désole, la plupart du temps. « La nouvelle mode, c’est d’écrire. À
croire que tout le monde à quelque chose à raconter », me lance t-il
il y a quelques jours, au détour de la machine à café. Lui, c’est un lucide, un
bon vrai intello. Aux élucubrations de Miss Tavi Gevinson, il préfère les romans d’anticipation
sociale de Bret Easton Ellis, la
misère affective d’un Houellebecq et la gravité de Philip
Roth. Moi aussi à vrai dire, enfin pas tout le temps. C’est que les lectures
d’une casablancaise-fashionista ne sont pas monolithiques et ne se réduisent pas
à la dévoration compulsive du dernier numéro d’Azuelos Magazine. Non, il y a aussi
Femmes du Maroc, le menu du Cabestan, la carte des soins de l’institut Au
Premier et les cartons d’invitation aux vernissages de la Galerie 38… Tout cela
réuni, ça en fait des mots, des lignes, des paragraphes à ingurgiter. Parfois,
de grandes interrogations métaphysiques peuvent même en surgir. Croyez-le ou
non, mais quand l’esthéticienne vous demande d’un air béat : « on met
quoi aujourd’hui comme vernis ? », l’hésitation entre un bleu Majorelle
hyper funky et une très cheesy mais non moins classique french-manucure, le
dilemme devient cornélien. Cela n’a l’air de rien et pourtant. En optant pour
une couleur flashy plutôt que pour un rose poudré, on en dit déjà beaucoup sur
soi, on s’affirme jusqu’au bout des doigts, on se « nail art positionne ». On se demande ce que les copines vont
en penser, si les collègues vont imiter et si notre mec va apprécier. Sois
belle et fais un choix, voilà le nouveau mantra. Ce que l’on redoute
finalement, c’est d’être dislikée ou unfollowée. Un peu comme sur Facebook, sur
Twitter ou sur un blog... Qu’il en aille du choix de « poster » ou de
celui de nail-parader, la réponse semble être la même : Just do it and keep it light, comme aurait pu répondre en son temps
le maître du dilemme shakespearien.
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